La maladie sanfilippo

La maladie Sanfilippo

Qu’est-ce que le syndrome de Sanfilippo?

Imaginez la maladie d’Alzheimer, mais chez les enfants. C’est comme ça que la maladie est vulgairement appelée pour expliquer rapidement aux personnes ne connaissant pas le syndrome de Sanfilippo ce qu’est cette maladie.

Le syndrome de Sanfilippo ou mucopolysaccharidose de type III est une maladie génétique rare, progressive et mortelle qui touche environ 1 enfant sur 70 000. Cette maladie est due à l’accumulation anormale de composés appelés glycosaminoglycanes, ou mucopolysaccharides, dans les cellules du corps. Cette accumulation se produit principalement dans le cerveau, mais peut aussi se trouver dans les poumons et les os. Cela entraine principalement des troubles du comportement, des atteintes respiratoires et un développement osseux anormal. La maladie de Sanfilippo est caractérisée par une dégradation intellectuelle rapide et sévère.

La maladie de Sanfilippo fait partie des maladies dites « de surcharge lysosomales ». Cela signifie que certains composés qui sont normalement éliminés ou recyclés par l’organisme ne sont pas dégradés et s’accumulent dans les cellules. Ces composés dont les mucopolysaccharides et sont normalement dégradés dans des petits sacs appelés lysosomes, présents dans chaque cellule.

Les lysosomes contiennent des enzymes qui décomposent normalement les mucopolysaccharides en petites molécules réutilisables par la cellule. Or dans cette maladie, une des enzymes est anormale et fait que la dégradation et l’évacuation des mucopolysaccharides hors des cellules n’est pas faite correctement. Les mucopolysaccharides s’accumulent donc dans les lysosomes et deviennent toxiques pour les cellules. Les mucopolysaccharides qui s’accumulent dans le cas de la maladie de Sanfilippo est l’héparane sulfate.

L’accumulation de l’héparane sulfate provoque, avec le temps, une série de dommages au cerveau, entraînant une perte progressive des facultés, à savoir la vue, la parole, l’équilibre, la démence et de nombreux problèmes moteurs.

A ce jour, il existe quatre types de syndrome de Sanfilippo, en fonction de l’enzyme affectée. Ces quatre types sont désignés par les termes A, B, C, D.

La type A est le plus courant. Chaque type a une progression différente, le type A étant considéré comme plus sévère que le type C ou D. Le type B se situe entre les deux spectres.

La fabrication de chacune de ces quatre enzymes est commandée par un gène. Les gènes sont des morceaux d’ADN qui possèdent toutes les informations nécessaires au fonctionnement de l’organisme. C’est une mutation d’un de ces gènes qui est responsable de la fabrication d’une version altérée de l’enzyme correspondante.

La plupart des enfants naissent sans signes visibles. Le diagnostic est généralement posé au cours des années préscolaires, lorsque l’enfant commence à présenter des retards de développement plus important que ses pairs.

Transmission génétique

La maladie de Sanfilippo est une maladie génétique autosomique récessive. Comme son nom l’indique c’est une maladie qui est transmise des parents à l’enfant.

Pour qu’un enfant soit atteint du syndrome de Sanfilippo, il doit avoir hérité d’une copie du gène anormal de chaque parent. Les parents qui ont le gène anormal sont appelés «porteurs». Bien souvent, les parents porteurs ne sont pas au courant qu’ils portent un gène anormal, ils sont en bonne santé et donc n’ont pas conscience de transmettre un gène anormal à leur enfant.

Les garçons et les filles ont autant de chances d’être atteint par la maladie de Sanfilippo car le gène anormal n’est pas sur les chromosomes sexuels X ou Y.

A chaque grossesse, il y a 50% de chances que l’enfant soit porteur de cette mutation et, bien qu’en bonne santé, qu’il puisse transmettre cette mutation à sa descendance.  Il y a 25% de chances que l’enfant soit en bonne santé et non porteur de la mutation. Et il y a donc 25% de chances que l’enfant soit atteint de la maladie de Sanfilippo.

Symptômes

La maladie de Sanfilippo est une maladie qui évolue plus ou moins rapidement. Les premières manifestations apparaissent généralement entre l’âge de 2 et 6 ans. Tous les enfants atteints ne développent pas les mêmes manifestations dans le même ordre.

Les symptômes précoces sont généralement:

  •  Retard dans le développement du langage
  • Hyperactivité
  • Infections récurrentes de l’oreilles et du sinus
  • Diarrhée fréquentes, selles molles chroniques
  • Grosseur de la tête
  • Hirsutisme
  • Légère déformation osseuse
  • Impulsivité
  • Manque de concentration
  • Troubles du sommeil
  • Comportement autistique »
  • Problèmes respiratoires à la naissance
  • Hernie ombilicale

En raison de sa rareté, la maladie de Sanfilippo reste largement méconnue de la plupart des médecins. Il n’est pas rare que les parents cherchent pendant des années la cause des difficultés de leur enfants avant qu’un diagnostic correct ne soit posé. Cette maladie peut se faire passer pour un Trouble Déficitaire de l’Attention avec Hyperactivité (TDAH), un autisme ou une déficience intellectuelle. En raison de ce retard dans le diagnostic, de nombreuses familles ont eu d’autres enfants nés entre-temps, qui se trouvent eu aussi atteints de la maladie.

A mesure que la maladie de Sanfilippo progresse, les enfants développent généralement une hyperactivité extrême et des problèmes de comportement. Les problèmes de sommeil deviennent si graves qu’ils peuvent ne pas dormir pendant des jours ou seulement quelques heures par nuit. Ils perdent progressivement toutes les capacités et aptitudes qu’ils avaient acquises, comme parler, marcher ou encore manger par la bouche.

Caractéristiques ultérieures:

  • Déficience intellectuelle progressive
  • Hypertrophie du foie et de la rate
  • Perte auditive (peut survenir plus tôt)
  • Perte de mobilité (marcher, courir, s’asseoir sans soutien)
  • Perte de la capacité à manger par la bouche
  • Troubles du mouvement, dystonie

Le diagnostic:

  • L’analyse d’urine MPS

C’est traditionnellement le test initial utilisé pour dépister le syndrome de Sanfilippo. Cette analyse d’urine détecte la présence d’une quantité anormale d’héparane sulfate dans l’urine de l’enfant. Ce test ne fait pas partie d’une analyse d’urine typique utilisée pour déterminer une infection. Par conséquent, le médecin peut demander une « analyse d’urine MPS » en cas d’inquiétude concernant le syndrome de Sanfilippo.

Ce test nécessite le prélèvement d’un échantillon d’urine à domicile ou au cabinet médical.

Bien que les tests d’urine constituent une partie importante du diagnostic, des faux négatifs peuvent se produire. De nouvelles méthodes de dépistage sont de plus en plus courantes en tant que tests de première intention.

  • Tests génétiques 

Les gènes de la maladie de Sanfilippo peuvent être testés par prélèvement de sang, un frottis de joue ou un prélèvement de salive.

  • Test sanguin 

Le test enzymatique sanguin est considéré comme l’outil de diagnostic le plus crédible pour le dépistage du syndrome de Sanfilippo car il détecte si l’une des enzymes de la voie cellulaire qui décompose l’héparane sulfate est manquante, fournissant ainsi une réponse définitive. En raison de sa précision, ce test est souvent utilisé pour confirmer les résultats d’un dépistage urinaire positif.

 

  • Diagnostic prénatal 

Si le couple a déjà eu un enfant atteint de la maladie de Sanfilippo, il est possible de réaliser un diagnostic prénatal pour les grossesses ultérieures. Le but du diagnostic est de voir si l’enfant à naitre est atteint de la maladie de Sanfilippo. Il consiste à rechercher l’anomalie génétique ou l’absence de l’activité de l’une des quatre enzymes par le biais d’une amniocentèse ou d’un prélèvement de villosités choriales.

L’amniocentèse permet d’obtenir des cellules flottant dans le liquide amniotique entourant le fœtus afin de rechercher l’anomalie génétique ou enzymatique à l’origine de la maladie. Le prélèvement se fait à l’aide d’une seringue. Cet examen est proposé vers la 15ème semaine d’aménorrhée.

Le prélèvement de villosités choriales consiste à prélever une très petite quantité de tissu placentaire. Le test est généralement réalisé ver la 12ème semaine d’aménorrhée, donc un peu plus tôt que l’amniocentèse.

 Il faut savoir néanmoins que ces examens entraînent un risque faible de fausse couche, qu’il convient de discuter en consultation au préalable. Le résultat est connu en une ou deux semaines, et s’il s’avère que le fœtus est atteint de la maladie, les parents qui le souhaitent peuvent demander une interruption de grossesse.

Le développement de l’enfant 

L’évolution et la progression de la maladie varient beaucoup d’un individu à l’autre. Il est donc difficile de prévoir le schéma d’évolution pour chaque enfant. Les symptômes de la maladie couvrent un large spectre et certains enfants peuvent présenter certains d’entre eux, mais d’autres non.

Globalement voici un schéma « classique » de l’évolution de la maladie et des enfants atteint de Sanfilippo.

Le dernier graphique représente la progression d’un enfant atteint de la maladie de Sanfilippo de type A, le type considéré comme le plus sévère. Les autres types suivent ce type de graphique mais la progression dans le temps est souvent plus longue.

Il n’existe actuellement aucun traitement pour le syndrome de Sanfilippo. Dans la plupart des cas, le traitement se limite à réduire ou à contrôler les symptômes de cette maladie, en s’assurant que les neurologues, ophtalmologues, cardiologues, ORL, orthopédistes sont systématiquement consultés.

Les médicaments destinés à contrôler les problèmes de comportement associés à cette maladie n’ont pas fait preuve d’efficacité. Le conseil génétique est encouragé. Le contrôle du régime alimentaire en réduisant les produits laitiers et le gluten peut être bénéfique pour aider à réduire la production de sécrétions (nez/gorge) ainsi que pour contrôler la diarrhée.

Une intervention précoce en orthophonie, ergothérapie, physiothérapie, psychologie est bénéfique.

L’anesthésie chez les enfants Sanfilippo 

Le syndrome de Sanfilippo étant une forme de MPS, il est important de prendre en compte les risques lors de l’administration d’une anesthésie.

Il est important que les cliniciens et les anesthésistes soient conscients des risques et des principales procédures à prendre en compte lors de l’administration d’une anesthésie à des patients atteints de mucopolysaccharidoses. L’évaluation des facteurs de risque chez ces patients, la procédure anesthésique, y compris les questions d’urgence liées aux voies respiratoires sont décrites dans l’article suivant:

Anaesthesia and airway management in mucopolysaccharidosis

Robert Walker & Kumar G. Belani & Elizabeth A. Braunlin & Iain A. Bruce & Henrik Hack & Paul R. Harmatz & Simon Jones & Richard Rowe & Guirish A. Solanki & Barbara Valdemarsson

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